L’infiltrométrie ou la mesure de l’étanchéité à l’air, c’est la mesure des infiltrations parasites d’air, dans un local (Maison, Appartements, etc.) ou dans un réseau (ex : VMC Double Flux).
Le label BBC (Bâtiment Basse Consommation, label lié à la RT 2005), puis la Réglementation thermique RT2012, ont drastiquement réduit les déperditions thermiques des bâtiments, via :
- une isolation renforcée
- le traitement des ponts thermiques
- un renouvellement d’air contrôlé par VMC
L’infiltrométrie vient compléter ce dernier volet en mesurant les défauts d’étanchéité résiduels du bâti et / ou des réseaux de renouvellement d’air, qui deviennent des déperditions prépondérantes (40 à 50%!) sur un bâtiment ou un réseau performant !
Le Test d’étanchéité (Bâti) intermédiaire
Ce contrôle de l’étanchéité à l’air se réalise en cours de chantier, au hors d’eau hors d’air étanche.
Conditions idéales d’avancement du chantier :
- Enduit extérieur en place, ou briques jointées verticalement / horizontalement
- Parements ou doublages non installés, sauf si nécessaire pour l’étanchéité (ex : Plaques BA13 posées / jointées des Combles perdus)
- Réservations/traversées en place et calfeutrées (conduit fumées, ventouse, spots, boîtiers électriques, etc.)
- L’objectif est de détecter les infiltrations parasites pour pouvoir les traiter avant qu’il ne soit trop tard.
Le Test d’étanchéité (Bâti) final
Ce contrôle se réalise lui à la réception des travaux.
Tous les éléments impactant l’étanchéité doivent être en place :
- Réglettes d’entrée d’air et bouches d’extraction de la VMC
- Alimentation et rejet des systèmes de chauffage / eau chaude (conduit poêle, ventouse chaudière gaz, liaisons frigo des Pompes à Chaleur, gaines des ballons thermodynamiques, etc.)
- Finitions (Sols, Peinture, etc.)
Le Test d’étanchéité Réseau
L’objectif est de mesurer la mise en oeuvre étanche du réseau (gaines, manchettes, caisson) et de s’assurer que les débits de soufflage ou de reprise seront atteints et conforme aux attentes.
Ce genre de test se réalise :
- dès que les réseaux (gaines souples ou rigides) et leurs terminaux (viroles ou manchettes) sont en place
- si possible avant le calorifugeage et la dissimulation des réseaux, pour faciliter les éventuelles interventions
- sinon à réception complète du réseau
Les Enjeux de l’étanchéité
Un bâtiment performant est un bâtiment étanche mais bien ventilé, c’est-à-dire où le renouvellement d’air se fait essentiellement par les systèmes de ventilation prévus à cet effet… et non pas par les infiltrations d’air parasites, qui tendent à court-circuiter la ventilation volontaire et augmenter les besoins de chauffage, tout en dégradant les matériaux isolants du bâti, la qualité de l’air intérieur, ou le confort thermique / acoustique des occupants.
On peut distinguer en effet 4 enjeux principaux liés à l’étanchéité à l’air :
1 – L’hygiène et la santé – la qualité de l’air intérieur
Pour ventiler correctement les pièces qui en ont besoin, il convient que les arrivées d’air neuf soient maîtrisées. Dans le cas contraire, entre un quart et un tiers de l’air neuf peut provenir des défauts d’étanchéité de l’enveloppe.
Cet air dit « parasite » peut transiter dans les parois avant de pénétrer dans le logement, se charger en polluants (fibres, poussière, moisissures, composés organiques volatils, etc.), et les transférer à l’intérieur. A mesure qu’ils s’encrassent, ces circuits aérauliques « parasites » vont dégrader à plus ou moins long terme la qualité de l’air intérieur.
2 – Le confort thermique et acoustique des occupants
Une mauvaise perméabilité à l’air de l’enveloppe peut altérer le confort des occupants de deux manières :
- D’un point de vue thermique, en période de chauffe, les infiltrations d’air parasites peuvent être source de sensations gênantes (courants d’air, sensation de paroi froide si l’air extérieur s’infiltre entre l’isolant et le parement intérieur, fluctuation de températures, impossibilité de se chauffer correctement).
- D’un point de vue acoustique, une enveloppe perméable compromet l’isolation acoustique vis-à-vis des bruits extérieurs.
3 – La facture énergétique
L’existence de trous dans l’enveloppe génère des flux d’air traversant non maîtrisés qui viennent en supplément du renouvellement d’air volontaire dû au système de ventilation. Ce phénomène sera plus ou moins amplifié selon les conditions de vent et le fonctionnement du système de ventilation.
En saison froide, ces infiltrations d’air parasites induisent un besoin supplémentaire de chauffage de l’ordre de 10% pour des systèmes de ventilation simple flux, et 25% voire plus pour des systèmes double flux. Ceci est d’autant plus vrai en valeur relative que la consommation du bâtiment est faible.
Pour fixer les idées, un taux de fuites Q4 mesuré à 1.3 (m3/h)/m² au test de la porte soufflante conduit à une augmentation de la consommation de chauffage de 5 à 10 kWh EP / m² SHONrt / an (soit de 35 à 70 € pour une maison de 120 m² de SHONrt chauffé à l’énergie électrique, soit 0.15 € TTC/kWh EF), par rapport à un même bâtiment avec Q4=0.3 (m3/h)/m²!
4 – La conservation du bâti
En période de chauffage, l’air intérieur (chaud et humide) sortant de manière non maîtrisée par les parois, l’isolant ou les parements se refroidit et voit son humidité relative augmenter jusqu’à atteindre dans certains cas le point rosée. Des phénomènes de condensation apparaissent alors, rendant l’isolant moins performant et pouvant engendrer des phénomènes de corrosion et de moisissure des matériaux.